A la base de mon travail photographique, un constat : la photo ou l’image sont partout dans notre quotidien et, toutes les formes sont modelées par les trois couleurs de l’espace photographique actuel, le rouge, le vert, le bleu (RVB).
En tant qu’individus baignant en permanence dans cette multitude d’images, nous avons développé des automatismes, des raccourcis personnels, qui nous permettent de décoder leur sens d’un bref regard.
Alors émerge une interrogation : comment créer des photographies échappant à nos automatismes et offrant de nouvelles sensations visuelles dans un monde où quelques milliards d’individus, explorant les possibilités offertes par l’espace photographique actuel, en ont pratiquement révélé toutes ses possibilités? C’est à cette question que mon travail photographique tente d’apporter un début de réponse.
Si l’espace photographique actuel est probablement entièrement exploré, il existe peut être d'autres espaces de couleur qui ne l’ont pas encore été. Cette considération m’a donc conduit à changer l’agencement des couleurs au sein de l’image numérique, pour aboutir à de nouveaux espaces de couleurs. Pour cela, j'ai développé un procédé personnel que j’ai baptisé : NAND2Art (1).
Ainsi, lors du changement d’espace de couleurs (après la prise de vues), le concept d’instinct décisif, moment où je fige les nouvelles couleurs de l’image succède au concept d’«instant décisif» cher à H. Cartier-Bresson…
La pratique montre qu’il existe une limite dans le jeu infini de la permutation des couleurs. Cette limite est matérialisée par l’adhésion du regardeur (de l’œuvre). Parce que toute nouveauté doit à la fois surprendre, désorienter et guider le regardeur sous peine de désintérêt rapide de la part de celui-ci, je conserve la forme originelle du sujet et veille à ce que des marqueurs connus subsistent dans mes photographies. A moins que je ne souhaite les rendre totalement abstraites.
Le travail des couleurs relève, d’un dosage précis entre les couleurs consonantes (statiques) et les couleurs dissonantes (dynamiques) afin de favoriser l’équilibre de l’ensemble tout en privilégiant la dominance de la couleur sur la forme. A l'issue de ce travail, je procède à l’évaluation des variantes colorées par tirage de chaque image sur papier afin de juger l’interaction définitive entre formes / couleurs / format / papier / encre / imprimante.
Le résultat final de ce travail photographique dans un nouvel espace de couleurs est toujours surprenant dans l’esprit du public (s'il accepte de perdre pour un instant ses repères et pénètre l’image) tant la perception visuelle qui en résulte contraste avec toutes les associations couleurs et objets (ou scènes) que l’individu a réalisés dans son quotidien.
(1) NAND, vient de la contraction de "NO" et "AND" qui synthétise le procédé de changement d’espace de couleurs que j’utilise. Ce procédé étant appliqué à l'Art (to Art ou 2Art) cela a donné : « NAND2Art »